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Symbolisme roman en Saintonge suivi du Dodécaèdre romain par Jean-Paul Alonso

                                                  Jean-Paul Alonso aux éditions-arte-politeia.com                                                  1

Symbolisme roman en Saintonge

suivi du Dodécaèdre romain

par Jean-Paul Alonso

 

Réalisé par les éditions-arte-politeia.com © Janvier 2023

pour l’Association pour la non-violence et la solidarité (ANOSO)

 

 

Sur la route de la Basilique Saint Eutrope

 

avec en couverture la Cathédrale Saint Pierre

deux des trois édifices romans majeurs de Saintes

Bienvenue aux

éditions-arte-politeia.com

 

« C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres les moyens de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. »

Jean Jaurès      

 

Table

Remerciements

Symbolisme roman en Saintonge

Introduction

Des symboles sur mon chemin de vie

Analyse philosophique

Analyse historique

Impossible interprétation symbolique

Ce que dit la Bible

Ce que me disent les symboles romans

Conclusion

Dodécaèdre romain

Introduction

Découverte du dodécaèdre

Première hypothèse

Deuxième hypothèse

Conclusion

Bibliographie principale

 

 

Remerciements : Je remercie les personnes qui m’ont encouragé à réaliser ce projet en me conseillant ou participant à la relecture de mes tapuscrits. Je remercie la vie, l’harmonie, la beauté de la Nature et de l’Univers qui m’ont donné la santé physique et la force spirituelle et intellectuelle pour écrire ce modeste opuscule. Un grand merci également à toutes les contributrices et tous les contributeurs aux multiples savoirs sous toutes les formes et tous les supports qui m’ont permis de trouver les informations utiles à ma propre contribution.

 

Symbolisme roman en Saintonge

 

Introduction : Les bâtisseurs n’ont pas laissé d’explication pour déchiffrer les symboles sculptés dans nos édifices religieux romans en Saintonge. Des interprétations diverses circulent à leur sujet sans en saisir le sens général. L’étude philosophique, historique et spirituelle de cette période permet d’avancer une interprétation générale et de montrer les avantages que pourrait tirer la civilisation occidentale à plus de démocratie, de justice et de spiritualité.

 

Des symboles sur mon chemin de vie : Début 2020, je venais de terminer l’impression de Politeia (tome 1), un ouvrage colossale qui m’a demandé onze ans de ma vie, quand j’ai commencé à lire La vie divine de Srî Aurobindo pour me détendre. Nous traversions le premier confinement, débuté en mars 2020, qui avait mis à l’arrêt une bonne partie de l’activité économique. Les rues étaient désertes, les bruits de moteur, les odeurs d’essence, les cris des marchands du marché Saint Pierre avaient fait place aux chants des oiseaux. La nature semblait renaître sous nos pieds dans un parfum d’éternité. La pensée sublime du sage et mes méditations ont couronné cette atmosphère divine. L’inspiration m’a aussitôt fait reprendre la plume.

Je commence ainsi Pour la révolution intérieure à la mémoire de Srî Aurobindo : « Après les onze années consacrées à Politeia, j’ai obtenu de belles solutions politiques sur le papier, mais je suis devenu perplexe face au temps qu’il nous reste pour accomplir le changement, si l’on considère l’accélération de la dégradation de notre environnement terrestre.

Écologiste en actes (non-encarté), partisan de la non-violence, je pense que chacun de nous doit faire sa révolution intérieure avant d’espérer voir un changement de politique globale. Après avoir terminé le Tome 1 de Politeia, j’ai commencé à lire La vie divine de l’Indien Sri Aurobindo Ghose (1872-1950) pour faire une coupure avec le sujet politique. Dans mon désarroi, j’ai lancé un coup de dés dans mes méditations quotidiennes en demandant une solution pour que l’humanité revienne en territoire soutenable avant qu’il ne soit trop tard. Mon intuition m’a répondu que je devais écrire ce texte sur la spiritualité avant de commencer le Tome 2 de Politeia qui traite de l’économie et de l’écologie. L’inspiration spirituelle a bondi comme un ressort compressé qui jaillit d’un seul coup d’une boîte. Cette soif d’intériorité semble avoir été contenue durant les onze années de durs travaux consacrés au politique. » (P. 4)

Je suis sorti transformé de cette aventure : « Bien que mon éducation ait voulu faire de moi un catholique et que je sois devenu athée puis agnostique, je suis convaincu aujourd’hui que nous sommes tous reliés à une intelligence globale cosmique. Je développe ici ce concept qui ne fait pas de moi un croyant qui va se jeter dans les bras d’un dieu, dût-il s’appeler Brahman[1]. » (p. 5)

Conscient que mon temps littéraire consacré à Politeia était trop lent pour servir l’écologie, j’ai écrit l’opuscule Solutions pour le climat et l’humanité ! (gratuit sur le site).

Mais au mois d’août 2022, une nouvelle révélation gravée dans la pierre cette fois m’est parvenue. Mes recherches historiques passées sur le Moyen Âge, afin démêler le vrai du faux pour Politeia, se sont révélées une nouvelle fois fructueuses. L’histoire religieuse s’est fondue dans l’histoire politique et mes conceptions non-violentes et spirituelles.

 

Analyse philosophique[2] : En 312, l’empereur romain Constantin s’est convertit au christianisme pour cumuler les pouvoirs temporel et spirituel. L’idée qu’un empereur peut incarner la volonté de Dieu par la force des armes fera école chez les clercs. En 476, l’Empire romain d’Occident disparaît, mais l’Église romaine continue d’être un instrument de soumission politique. La conversion forcée des peuples se poursuit avec Clovis baptisé en 496. Charlemagne, qui convertit comme Clovis à la hache au nom de Dieu, contraint le pape Léon III à le couronner empereur en l’an 800.

En 1027, l’Église impose la Trêve de Dieu en Europe. Elle interdit aux rois et à leurs vassaux de faire la guerre durant certaines périodes de l’année sous peine d’excommunication. Les rois trouvent un nouveau terrain de jeu avec la création des moines-soldats et les croisades qui débutent en 1095 pour libérer la Terre sainte. Ces expéditions lointaines épargnent les communes libres, où les chartes communales, le christianisme, les traditions, le corporatisme et le droit coutumier permettent aux villageois de prospérer.

On n’en dira pas autant du droit positif au service de l’État, qui impose des lois trop souvent absurdes ou scélérates, que le peuple cherche à contourner pour éviter de subir des injustices ou la pauvreté. Effectivement, quand des hommes intéressés écrivent le droit, plus rien ne va. Le droit coutumier ou droit vivant, qui résulte des besoins des villageois disparaît progressivement avec l’affirmation du droit positif centralisé écrit par la royauté. Cette confiscation du droit coutumier permet d’unifier les règles sur tout le territoire pour mieux soumettre le peuple aux corvées, taxes et impôts seigneuriaux[3]. Le droit divin imposé par l’Église est également loin d’avoir que des avantages comme les services religieux, la charité et les hôpitaux. La dîme sert aux papes et aux évêques à mener un important train de vie et des guerres de conquêtes présentées comme des guerres de défense. Cette rhétorique fera école.

L’Église trouve des faire-valoir intellectuels pour défendre la guerre juste en canonisant des philosophes gréco-romains préchrétiens. Elle invente des saints, des évêques et des reliques. C’est le cas notamment d’Augustin, né en 430 av. J.-C., canonisé en 1298 avec le titre d’évêque d’Hippone[4]. Cette supercherie est restée gravée dans les dictionnaires, les encyclopédies, et autres ouvrages savants. Elle concerne d’autres pères de l’Église. Augustin (430-354) comme tous les grands intellectuels au service de l’empire ne pouvait que défendre la guerre : « Le mal est subordonné au bien, qui seul procède de l’énergie divine ; le mal n’est donc efficient que par le bien qu’il recèle. ». Augustin privilégie la cité de dieu sur la cité des hommes qui ont été frappés du péché originel. Ceux qui choisissent la cité des hommes sont voués à la damnation éternelle. Pourtant, selon lui : « L’État est une association d’intérêts qui assurent l’existence matérielle et la paix, et à ce titre l’État peut exiger l’obéissance ». À nous de savoir si l’on veut persister dans la marche de l’histoire des hommes ou la marche vers l’éternité.

Le philosophe grec Aristote est introduit en Occident vers 1230 par le théologien, juriste et médecin musulman andalou Ibn Rusd, dit Averroès. Il a été l’inspirateur de la scolastique et de Thomas d’Aquin (1225-1274). D’Aquin est le fils du comte d’Aquino du royaume de Sicile. Il a été canonisé en 1323, puis proclamé docteur de l’Église en 1567. Dans la Somme théologique, il présente trois critères cumulatifs de la juste guerre : l’autorité légitime du souverain, la juste cause, l’intention droite. Giovani de Legnano, spécialiste du droit canon, proche de plusieurs papes, publie en 1360, son Traité de la guerre et du duel. Il dit sans surprise que la guerre est un remède divin pour combattre les maux de ce monde, à condition qu’elle soit déclarée par une autorité supérieure et pour défendre une juste cause.

La monstruosité des États est d’avoir réussi à justifier la guerre pour mieux soumettre les populations à leurs lois. Tous les peuples semblent encore convaincus aujourd’hui que la guerre est incontournable et courent prendre les armes au premier son du tambour.

Au XVe siècle, les guerres de conquête de nouveaux territoires en Afrique, en Asie et en Amérique sont légalisées par les autorités ; l’esclavage humain s’intensifie. De 1503 à 1509, le pape Jules II rétablit l’autorité de l’Église sur ses États. Érasme voit ce pape-soldat entrer cuirassé à la tête de ses troupes dans Bologne après deux mois de siège. Il écrit dans sa Complainte de la Paix publiée en 1517 : « Je t’en supplie, ô prince chrétien, si tu es vraiment chrétien, contemples l’image de ton Seigneur, prends en considération la manière dont il a pris possession de son royaume (…) et tu comprendras vite la façon dont il veut que tu gouvernes le tien (…) »[5] Pour Machiavel (1469-1527), dans Le Prince (1513), « la guerre est juste si elle est nécessaire. ».

 

 

Analyse historique : La fin des incursions sarrasines et scandinaves et le mouvement de Paix de Dieu  pacifient les seigneurs féodaux et relancent l’activité économique au XIe siècle. De nouvelles techniques augmentent le rendement agricole et favorisent la croissance démographique. La sécurisation des routes multiplie les échanges culturels et commerciaux. La paix relance les pèlerinages en Europe, notamment ceux de Saint-Jacques-de-Compostelle sur la tombe de l’apôtre Jacques et de Tours où repose saint Martin. Les croisades ouvrent la route de Jérusalem et favorisent les échanges avec le Moyen Orient. J’ai appelé cette période le « Miracle communal » (Politeia, 2020), que l’on peut rebaptiser dans cet article le « Miracle roman ». Effectivement, ce sont bien dans les communes médiévales, véritables îlots de liberté au milieu de la féodalité, qu’apparaissent les édifices romans.

Plus conciliantes que les démocraties antiques d’Athènes et de Rome, ces communes pratiquaient la démocratie censitaire ouverte bien souvent aux femmes actives qui exerçaient tous les métiers[6]. Les reines régnaient et certaines abbesses portaient la crosse et battaient monnaie. L’esclavage n’existait pas et les serfs enfuis ou affranchis des seigneuries féodales ou ecclésiastiques y trouvaient refuge. Ils pouvaient devenir citoyen après une période probatoire d’une année.

Les hommes des communes médiévales semblent avoir trouvé une unité intérieure qui c’est étendue à leur univers social. Chacun trouvait dans la commune les services qui lui permettaient l’accomplissement d’une vie bien remplie. Moines, Nones ou Bonhommes (Cathares), Templiers, Hospitaliers, Bourgeois, Artisans des corporations et Bâtisseurs ont tous participé à cette période historique équilibrée, reliée à l’universel par la foi. Les historiens au service des princes l’ont vite oubliée pour flatter les empereurs, les rois et les dirigeants de tout bois. Le christianisme et le communalisme sont à l’origine de ce miracle dont la littérature courtoise et les édifices religieux sont les plus éclatants témoignages. Il faut cependant reconnaître quelques rares avancées impériales. En 212 ap. J.-C., Caracalla offre la citoyenneté à tous les hommes libres de l’empire. Charlemagne développe l’écriture caroline et l’alphabétisation de l’élite. Aux XIe et XIIe siècles, les œuvres de nombreux auteurs antiques traversent les Pyrénées à dos de mulet. Elles sont traduites de l’arabe en latin et recopiées dans les monastères. Toutes les disciplines en profitent. En plus des manipulations ecclésiastique déjà signalées, l’économie se financiarise avec la lettre de change qui permet aux croisés de retrouver leurs fonds en Terre sainte. Il y aurait beaucoup à dire sur l’incapacité d’un pouvoir centralisé de type impérial, ecclésiastique, royal ou autre à gérer ses finances (Voir Politeia et La Bienheureuse).

Initialement, la royauté était une force spirituelle et militaire protectrice du peuple. Les valeurs terriennes, chevaleresques et de loyauté sur lesquelles reposait l’Ancien régime étaient incompatibles avec la finance qui transcendait le régime féodal terrien. En pratique, quand les caisses étaient vides, la guerre du prince devenait l’affaire de tous. En théorie, « c’était au nom de son peuple et pour la défense de ses terres que ce dernier risquait sa vie et son héritage. On retrouvait ce paternalisme souverain dans toutes les allocutions rhétoriques adressées aux délégués des États, auxquels le souverain ou son chancelier réclamait des impôts supplémentaires pour poursuivre une guerre de conquête présentée le plus souvent comme étant une guerre de défense. »[7]. Les guerres injustes, les pillages et l’esclavage venaient à la rescousse du trésor royal.

 

C’est néanmoins la soif de savoir de l’homme médiéval, boostée par sa spiritualité, qui a construit le creuset de la civilisation occidentale. Pourtant, l’expression la plus pure de la chrétienté, manifestée par les Cathares en dehors de l’Église, inquiète la papauté. L’Inquisition achève leur extermination à Monségur en 1244. La fin du miracle communal s’effectue avec une autre centralisation, celle du pouvoir royal. Débutée au XIIIe siècle, elle s’accentue sous Philippe le Bel avec de nombreuses persécutions, dont celle des Templiers[8] qui géraient le trésor de la Couronne. Elle se poursuit avec la création des trois ordres : noblesse, clergé et tiers état, puis du statut de bourgeois du roi[9]. L’anoblissement de la grande bourgeoisie affaiblit le tiers. L’administration royale est renforcée par la noblesse de robe qui réduit les libertés communales. Entre 1347 et 1352, la misère et les famines provoquent la « peste noire » qui décime une très grande partie de la population mondiale et européenne.

En pleine Renaissance, un enseignement attribué à Hermès Trismégiste (IIIe ou IIe siècle av. J.-C.), intitulé Corpus Hermeticum, est traduit par Marsile Ficin et imprimé en 1471[10]. Ce livre lance l’hermétisme ; la culture chrétienne médiévale n’est plus à l’honneur. Un maniérisme intellectuel entiché de littérature et d’art antiques se développe.

Les abus de la papauté provoque un schisme. Les guerres de Religion entre Catholiques et Protestants ont des conséquences sévères avant la signature de l’édit de Nantes  par Henri IV en 1598.

La Société des Amis ou quakerisme fondé en Angleterre en 1648, proche du christianisme primitif, se développe dans les pays anglo-saxons, mais pas en France. La communauté chrétienne des Amish, issue d’anabaptistes suisses, fondée en Alsace en 1693, qui menait une vie austère proche de celle des Quakers, est expulsée du royaume par Louis XIV en 1712.

Le cycle de l’éveil étant terminé depuis longtemps en France, l’homme, devenu étranger à lui-même, ne cesse plus de se perdre en conjectures religieuses puis patriotiques guerrières dictées par le pouvoir centralisé. Les guerres affirment les États en confisquant le droit de vivre au peuple. La Révolution de 1789 renie le christianisme avec la royauté. La Terreur, les révolutions et les guerres de plus en plus meurtrières ne cesseront plus de s’enchaîner en laissant des cicatrices.

La destruction de l’homme véridique s’est poursuivie avec la première révolution industrielle qui a détruit les petits métiers, prolétarisée les masses et augmentée la misère du peuple.

La crise financière des années 1930, organisée par l’oligarchie financière internationale basée à Londres et à New York, détruit l’économie réelle. Le chômage de masse finit par effacer tous les bienfaits que l’homme pouvait trouver dans le machinisme et l’idée de progrès technique. Les mêmes cartels anglo-américains[11] financent l’économie de guerre qui porte Hitler au pouvoir. L’homme occidental perd un peu plus confiance en son avenir avec l’industrialisation de la mort dans les camps de concentration nazis et les bombes atomiques lâchées sur le Japon.

Pendant les trente glorieuses (1945-1975), l’américanisation de l’Europe, sous couvert de progrès technique, a jeté l’homme occidental à corps perdu dans le consumérisme, la destruction de son environnement et de lui-même.  La flèche du temps semble s’être arrêtée dans l’imaginaire occidental. L’homme se retourne vers son passé historique dont les recettes semblent les seules capables à lui offrir un autre futur que l’effondrement environnemental et l’anthropocène.

De nouvelles communautés non-violentes se sont développées en Europe à partir des années 1950, dans les pas de Gandhi, comme les communautés de l’Arche fondées par Lanza del Vasto, mais elles sont restées trop minoritaires pour relancer la spiritualité en Occident. La décadence de l’homme occidental explique à elle seule que la signification du symbolisme roman a été oubliée. Cet oubli m’a d’autant plus étonné que les Éditions Zodiaque, qui m’ont été recommandées par le médiéviste saintais Alain Michaud, ont été créées en 1951 par dom Angelico Surchamp à l’abbaye bénédictine de Sainte-Marie de la Pierre-Qui-Vire (Yonne) où a été éditée et imprimée la majeure partie des collections. Les autres ouvrages de référence que j’ai consultés avouent également ignorer le sens profond des symboles romans. La meilleure étude revient à Anne et Robert Blanc.

 

Impossible interprétation symbolique : N’ayant pas trouvé la signification des symboles romans, certains auteurs font référence à des sources grecques antiques. Marie-Madeleine Davy écrit dans Initiation à la symbolique romane : « les  analogies reliant le microcosme et le macrocosme forment le fondement du symbolisme médiéval et explique l’importance donnée à l’univers. » (p. 159). La Table d’émeraude d’Hermès Trismégiste dit bien : « Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose. ». Le mémoire de Francesco Baroni intitulé De l’icône religieuse au symbole littéraire – L’élaboration d’une imagerie micro-macrocosmique dans la philosophie du XIIe siècle et sa diffusion dans les romans en français de la même époque, de juin 2005, reprend la même approche hermétique que Davy. Il faut rappeler que l’enseignement d’Hermès était inconnu au XIIe siècle puisque la traduction de Ficin date de 1461, son impression de 1471, comme nous l’avons vue.

L’hermétisme va introduire les sciences occultes comme l’alchimie et l’astrologie en Occident. Ces disciplines seront interdites par le christianisme, mais l’occultisme ne cessera pas de se développer. J’ai personnellement passé une vingtaine d’années à les étudier sans obtenir les résultats attendus. J’ai acquis des connaissances pluridisciplinaires qui m’ont permis de faire quelques découvertes en archéoastronomie et d’écrire Astronomie et Civilisation. J’ai gardé un intérêt pour les croyances et les énigmes, comme en témoigne le présent opuscule.

Voici, pour présenter les interprétations modernes majoritairement retenues des symboles romans, quelques passages d’un ouvrage collectif dirigé par Jacques Lacoste : « Malgré les nombreuses études des chercheurs (…) la sculpture romane en Saintonge apparaît toujours comme une production artistique (…) à l’iconographie parfois déconcertante (…). On se trouve en présence d’un art dont on ne parvient ni à saisir les grandes articulations, ni, a fortiori, à le comprendre en profondeur. » (p. 7) « En effet, on constate que, dans tous les monuments deux types d’images sans rapport l’un avec l’autre apparaissent. Dans le premier, les reliefs illustrent les grandes vérités du dogme chrétien (…). Dans le second on ne rencontre plus que des images de pur décor, qu’un mélange foisonnant de formes végétales, de figures humaines, animales ou hybrides (…) qui introduisent une certaine confusion dans la compréhension de l’iconographie (…) ». « Les œuvres (…) réalisées par des mains encore malhabiles (…) suivent encore des formules extrêmement simples. » (p. 11). Les auteurs disent plus loin que les chapiteaux de Saint Eutrope, réalisés « aux environs de 1110, sont parmi les plus beaux que l’on puisse admirer dans la sculpture romane. ». (p. 13)

 

Chapiteau à l’intérieur de la crypte située sous la basilique Saint Eutrope de Saintes

 

Les bâtisseurs n’ont pas choisi l’intérieur des édifices par hasard pour représenter des chapiteaux « richement sculptés (…) de larges feuilles d’eau terminées par un bouton ou une volute (…) pour beaucoup (…) dérivés de la palmette ou de l’acanthe (…) »[12]. Nous pouvons observer dans la crypte de la basilique Saint Eutrope une succession de compositions végétales qui écartent l’idée de compositions « malhabiles ». Je pense que les symboles monstrueux situés à l’extérieur et les symboles végétaux situés à l’intérieur des édifices font appel à deux registres iconographiques différents qui s’enchaînent dans une scénographie biblique. Les auteurs écrivent encore : « L’enracinement en Saintonge de cette double tendance artistique date à n’en pas douter de la décoration de la croisée du transept de Saint Eutrope. (…) Des monuments clefs (…), Saint Eutrope à Saintes est celui qui a eu l’action la plus durable tout au long de la période romane. » (Davy, p. 8).

 

Monstres qui se neutralisent dans la crypte de la basilique Saint Eutrope à Saintes

 

Selon une autre source, les figures s’inspirent « essentiellement de thèmes végétaux pris le plus souvent dans les entablements romains – où dominent les rinceaux, les palmettes, les fleurons » (Davy, p.11-12). La première figure ci-dessus, présente dans la crypte de Saint Eutrope, représente des monstres qui se neutralisent. Quand les monstres sont situés à l’extérieur des édifices, l’iconographie change de registre. Les monstres dévorent des hommes comme le montrent les deux figures situées en dessous de la première. Elles sont situés de chaque côté de l’entrée de l’abbaye de Saintes.

Un très beau documentaire datant de 2020, de Gilbert F. Buecher, fait le point sur les symboles romans selon les livres d’Anne et Robert Blanc. Début de citation : « mille ans d’oubli ont passé et nous ne savons plus retrouver la simple et profonde signification des choses. ». Les monstres que l’on trouve à l’entrée extérieure des édifices ou « les gardiens de la porte », au nombre en général de deux, représentent l’homme du monde profane. Ils symbolisent, selon les auteurs,  notre partie animale qui nous soumet à la matière, au péché et tout le chemin qu’il nous reste à parcourir pour accéder au sacré.

Les représentations végétales harmonieuses et bien souvent symétriques, (situées à l’intérieur des édifices), rappellent l’arbre de la connaissance de la Genèse où l’homme était encore dans sa pureté originelle et ne voyait que la vérité. Mais, après avoir mangé le fruit défendu, l’homme entre dans la dualité. Adam et Eve réalisent de leur nudité.

 

Monstres dévorant des hommes de chaque côté de l’entrée de l’abbaye-aux-Dames de Saintes

 


La barbe et les hommes qui se tiennent par la barbe symbolisent l’animalité et la chute. Le symbolisme du « vieil homme » barbu ce tenant les genoux, qui semble écrasé par le poids de l’édifice, sous un chapiteau, est interprété comme une personne hostile à tout changement. Pour sortir de son état, son moi qui s’oppose à Dieu, il doit mourir réellement à la conversion et renoncer à son attachement au désir matériel. Oui, mais la question qui se pose aujourd’hui à l’homme est de savoir comment retrouver Dieu, ou se retrouver lui-même, au milieu de l’absurde de la civilisation occidentale, qui l’a éduqué au matérialisme, à la cupidité et à la peur de tout.

Le fardeau intérieur que porte la nature humaine est souvent représentée par un homme jeune soutenant une charge. La langue tirée symbolise la condition de l’homme de la chute et les deux langues le double langage tenu selon la personne à qui l’on s’adresse. L’homme qui saisit ses pieds symbolise le retournement après la conversion .

Homme écrasé sous un pilier à l’extérieur de la Cathédrale Saint Pierre de Saintes, côté cloître